LPP à la retraite : faut-il choisir la rente ou le capital ?

LPP à la retraite; faut-il choisir la rente ou le capital ?
À l’approche de la retraite, les assurés du 2e pilier en Suisse doivent faire un choix crucial : percevoir leur avoir LPP sous forme de rente viagère, de capital unique ou d’une combinaison des deux. Ce choix est irrévocable et a des conséquences majeures sur la sécurité financière, la fiscalité, la transmission du patrimoine ou encore la gestion des risques. Dans cet article, nous comparons de manière claire et factuelle les deux options, afin de vous aider à prendre une décision éclairée et adaptée à votre situation personnelle.

Que prévoit la LPP à la retraite ?

Par défaut, la LPP prévoit le versement de l’avoir de vieillesse sous forme de rente viagère. Il est toutefois possible de retirer au moins 1/4 de la part obligatoire en capital, à condition d’en faire la demande à l’avance et avec l’accord du conjoint. Certaines caisses de pension vont plus loin et permettent un retrait total en capital ou une solution mixte. Le choix est irrévocable et doit être mûrement réfléchi.

Option 1: la rente LPP

Opter pour la rente signifie percevoir un revenu garanti à vie, versé mensuellement dès la retraite.

Avantages principaux de la rente

Choisir la rente LPP signifie recevoir un revenu mensuel garanti jusqu’à la fin de sa vie. Ce versement, assuré par la caisse de pension, ne dépend ni des marchés financiers ni de votre espérance de vie réelle. C’est donc une solution particulièrement sécurisante si l’on vit longtemps, car le montant reste stable et régulier, peu importe l’âge atteint. De plus, le taux de conversion actuel (6.8%) rends la rente plus attractive que le retrait en capital dans beaucoup de cas.

La rente offre également une certaine continuité de protection pour les proches. En cas de décès, une rente de survivant est généralement versée au conjoint ou au partenaire enregistré, à hauteur de 60 % de la rente initiale. Les enfants de moins de 18 ans, ou jusqu’à 25 ans s’ils sont en formation, bénéficient d’une rente d’orphelin ou d’enfant de retraité équivalente à 20 % de la rente.

Enfin, cette option ne nécessite aucune gestion financière de votre part. Tout est pris en charge par l’institution de prévoyance, ce qui en fait une solution idéale pour celles et ceux qui souhaitent éviter les incertitudes liées aux placements ou à la gestion d’un capital.

Inconvénients de la rente

Si la rente LPP offre une sécurité certaine, elle présente aussi plusieurs limites qu’il faut bien comprendre avant de faire un choix. Le principal inconvénient réside dans le fait qu’en cas de décès, le capital restant n’est en principe pas transmis aux héritiers. Seules les prestations de survivants (rente de conjoint ou d’orphelins) sont versées, et uniquement si les conditions légales sont remplies. Autrement dit, si vous décédez sans conjoint ni enfants mineurs, l’avoir de vieillesse reste dans la caisse de pension.

Sur le plan fiscal, la rente est imposée à 100 % en tant que revenu, ce qui peut entraîner une charge fiscale significative selon le canton et votre niveau de revenu global.

Enfin, la rente ne vous offre aucune flexibilité. Vous ne pouvez pas ajuster les montants selon vos besoins, ni effectuer de retraits anticipés.. Vous êtes lié à un versement fixe, dont le montant est déterminé une fois pour toutes à la retraite, selon le taux de conversion et l’avoir accumulé.

Ce manque de marge de manœuvre peut être un désavantage si vous avez d’autres projets à financer, si vous souhaitez aider vos proches de votre vivant, ou si vous avez une espérance de vie plus courte que la moyenne.

La rente LPP en bref

Quels sont les avantages d'une telle réforme ?

Plutôt que de percevoir une rente mensuelle à vie, il est possible de demander à la retraite que l’avoir LPP soit versé tout ou en partie sous forme de capital.

Avantages principaux du capital

Le principal atout du retrait en capital est la flexibilité totale. Vous êtes libre de disposer des fonds comme bon vous semble: réaliser un projet, rembourser une hypothèque, soutenir des proches ou investir selon votre profil de risque. Contrairement à la rente, le capital vous permet de planifier vos dépenses à votre rythme, sans contrainte de versement fixe.

D’un point de vue fiscal, le capital est imposé séparément du reste de vos revenus, à un taux préférentiel unique à 1/5e de l’impôt. Ensuite, seuls les rendements futurs sont soumis à l’impôt sur le revenu et la fortune.

Autre avantage important: le capital restant est transmissible. En cas de décès, ce qui n’a pas été utilisé revient aux héritiers, ce qui n’est généralement pas le cas avec la rente. C’est donc une solution à privilégier si l’on souhaite organiser une transmission patrimoniale.

Enfin, le retrait en capital est souvent considéré comme plus avantageux pour les personnes ayant une espérance de vie limitée, des revenus complémentaires, ou de bonnes compétences en gestion financière. Il permet aussi de réinvestir librement, voire de constituer une rente viagère privée selon ses propres critères.

Inconvénients du capital

Retirer son capital à la retraite, c’est aussi assumer l’entière responsabilité de sa gestion. Contrairement à la rente, il n’y a plus de revenu garanti à vie: il faut veiller à ce que les fonds suffisent jusqu’à la fin de sa vie, ce qui implique de bien estimer ses besoins futurs et de résister à la tentation de dépenses excessives.

Le capital doit généralement être investi pour générer un rendement, ce qui expose à des risques de marché. En période d’instabilité économique ou de taux d’intérêt faibles, il peut être difficile d’obtenir des performances suffisantes sans prendre de risques importants. De mauvaises décisions d’investissement peuvent mettre en péril la sécurité financière sur le long terme.

Sur le plan fiscal, même si le retrait initial est imposé à un taux préférentiel, les revenus générés par le capital (intérêts, dividendes, gains) seront imposés chaque année, et le capital lui-même sera soumis à l’impôt sur la fortune. Cela peut peser lourdement à long terme, notamment pour les fortunes moyennes à élevées.

Enfin, en cas de mauvaise anticipation de son espérance de vie ou d’augmentation des besoins de soins à un âge avancé, le capital peut s’épuiser trop tôt. Contrairement à la rente, aucun filet de sécurité n’est prévu une fois les fonds épuisés. C’est là que réside le plus grand danger d’un retrait en capital.

Le retraite du capital LPP en bref

Le problème du retrait en capital

L’un des grands défis du retrait en capital est de réussir à générer, sur le long terme, un revenu équivalent à celui d’une rente LPP, sans courir de risques excessifs. Aujourd’hui, le taux de conversion usuel est de 6.8 % sur la part obligatoire, ce qui équivaut à un rendement annuel garanti très attractif, difficilement reproductible sans s’exposer aux aléas des marchés.

Prenons un exemple simplifié: une personne de 64 ans disposant d’un capital LPP de 600’000 CHF. Comparons les revenus nets possibles selon deux stratégies : rente ou capital, sur la base de scénarios réalistes.

Exemple de retrait en capital

Perception de la rente

Conclusion

Le retrait en capital peut sembler attractif: fiscalité ponctuelle à taux réduit, liberté d’utilisation, transmission possible aux héritiers. Mais lorsqu’on analyse les chiffres de manière objective, la rente LPP reste, dans la plupart des cas, plus avantageuse sur le long terme.

Avec un taux de conversion de 6.8 %, la rente offre un revenu régulier difficile à égaler via des placements prudents. Même avec un rendement net de 2 % à 3 % sur les marchés, ce qui implique déjà un certain niveau de risque, le retrait en capital ne permet pas d’atteindre un revenu net supérieur, sauf à moyen terme.

Il faut également tenir compte de l’espérance de vie après la retraite, souvent estimée à environ 25 ans pour une personne qui part à la retraite à 65 ans. Plus la durée de vie est longue, plus la rente devient avantageuse, car elle continue d’être versée sans limite de temps, indépendamment du capital initialement accumulé.

En définitive, le choix entre rente, capital ou combinaison des deux dépend étroitement de sa situation personnelle, de ses objectifs et de sa tolérance au risque. Une analyse individualisée avec un conseiller en prévoyance reste la meilleure manière de faire un choix éclairé.

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