La clause bénéficiaire dans le 3ème pilier

La clause bénéficiaire joue un rôle central dans le 3ème pilier: c’est elle qui détermine à qui ira le capital accumulé en cas de décès. Bien rédigée, elle permet de protéger ses proches et d’éviter des conflits successoraux. Mal anticipée, elle peut en revanche créer des contestations, notamment autour des héritiers réservataires.
La clause bénéficiaire dans le 3ème pilier
Illustration by Storyset

Qu’est-ce qu’une clause bénéficiaire ?

La clause bénéficiaire est une disposition par laquelle le titulaire d’un contrat de prévoyance ou d’assurance désigne la ou les personnes qui recevront les prestations en cas de décès. Dans le cadre du 3ème pilier, elle permet de transmettre directement le capital épargné ou assuré aux bénéficiaires choisis, sans passer par la succession ordinaire. Ce mécanisme présente deux atouts majeurs :

En revanche, cette liberté est encadrée. Le pilier 3a obéit à un ordre légal fixé par l’OPP 3, tandis que le pilier 3b offre davantage de flexibilité. Dans les deux cas, la clause bénéficiaire doit être rédigée avec soin, car elle peut avoir des conséquences sur le respect des parts héréditaires réservées aux héritiers légaux.

La clause bénéficiaire dans le pilier 3a

Dans la prévoyance liée (pilier 3a), la clause bénéficiaire est strictement encadrée par l’art. 2 OPP 3. En cas de décès, les avoirs ne tombent pas automatiquement dans la succession, mais sont versés aux personnes désignées par la loi, dans un ordre prédéfini:

L’assuré peut toutefois affiner cette hiérarchie dans une certaine mesure. Par exemple, il peut choisir et répartir librement les quotes-parts entre les personnes figurant au chiffre 2 (enfants, concubin, personnes à charge). De même, il peut modifier l’ordre entre les catégories 3 à 5.

En revanche, le conjoint ou partenaire enregistré survivant reste prioritaire tant que la loi n’a pas évolué. À noter que le Parlement et le Conseil fédéral examinent actuellement une réforme de l’OPP 3 qui devrait offrir plus de flexibilité dans la désignation des bénéficiaires à partir de 2027, notamment la possibilité de privilégier les enfants même en présence d’un conjoint.

Clause bénéficiaire et succession dans le 3a

Les avoirs du pilier 3a sont versés directement aux bénéficiaires désignés par la loi ou par la clause bénéficiaire, en dehors de la masse successorale. Cela signifie que le capital n’est pas partagé dans la succession ordinaire et qu’il est versé sans délai aux ayants droit. Cependant, il existe une limite importante :

À l’inverse, lorsqu’il s’agit d’une assurance risque pur (simple couverture décès sans valeur de rachat), la prestation versée n’est en principe pas sujette à réduction. Le bénéficiaire perçoit alors l’intégralité du capital décès sans contestation possible.

Fiscalité du capital 3a en cas de décès

Du point de vue fiscal, le capital versé au bénéficiaire est soumis à un impôt sur les prestations en capital, prélevé séparément des autres revenus et à un taux réduit (1/5e de l’impôt).

La clause bénéficiaire dans le pilier 3b

Contrairement au pilier 3a, le pilier 3b (prévoyance libre) laisse une liberté presque totale dans la désignation des bénéficiaires. L’assuré peut nommer toute personne de son choix: conjoint, concubin, enfants, parents, amis, voire une personne morale comme une fondation ou une association. Cette flexibilité a toutefois deux limites importantes:

Un cas particulier existe pour les assurances décès sans épargne, car ces dernières n’ont aucune valeur de rachat. Cela signifie qu’elles ne sont pas intégrées dans le calcul des parts réservataires, et que le bénéficiaire perçoit le capital décès intégral, sans possibilité de réduction.

Questions fréquentes

Le 3a est strictement encadré par l’OPP 3: l’ordre des bénéficiaires est fixé par la loi, avec une marge limitée de personnalisation.

Le 3b est beaucoup plus libre: vous pouvez désigner toute personne ou entité comme bénéficiaire, sous réserve du respect des parts réservataires.

Pas automatiquement. Ils doivent remplir des conditions précises (vie commune ininterrompue depuis au moins 5 ans, ou charge d’enfants communs) et être désignés par écrit comme bénéficiaires.

En principe non: il est versé directement au bénéficiaire. Toutefois, la valeur de rachat d’une police avec épargne peut être prise en compte pour le calcul des parts réservataires.

Oui. Les prestations en capital sont soumises à un impôt distinct de l’impôt sur le revenu, à un taux réduit mais progressif. En 3b, certaines prestations (assurance-vie avec durée minimale et condition d’âge) peuvent être exonérées.
La réforme devrait introduire plus de flexibilité dans le 3a: il serait possible, par exemple, de désigner les enfants comme bénéficiaires prioritaires même en présence d’un conjoint survivant, afin de mieux respecter les accords successoraux et la réalité des familles recomposées.
Image de <b>Claire Fivaz</b> • Conseillère en prévoyance

Claire Fivaz • Conseillère en prévoyance

Claire est conseillère en assurance et prévoyance certifiée IAF. Elle est également titulaire d’un Bachelor en International Business Management de la HEG.

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Claire Fivaz • Conseillère en prévoyance

Claire est conseillère en assurance et prévoyance certifiée IAF. Elle est également titulaire d’un Bachelor en International Business Management de la HEG.

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