La réalité du système suisse: un équilibre sous tension
Le système suisse de prévoyance, avec l’AVS, la LPP et le 3e pilier, repose sur une logique simple: répartir les risques entre l’État, l’employeur et l’individu. Sauf qu’aujourd’hui, cet équilibre se fragilise. L’AVS souffre d’un déséquilibre démographique: il y a plus de retraités et moins d’actifs. La LPP, elle, dépend des rendements des marchés et des taux techniques et de conversion en baisse. Résultat: ce que vous pensiez “garanti” ne l’est plus vraiment.
En combinant AVS + LPP, la plupart des Suisses reçoivent environ 60 % de leur dernier revenu à la retraite, et ce n’est tout simplement pas assez pour maintenir le même niveau de vie. La prévoyance privée devient donc votre seul levier concret pour combler ce manque, réduire vos impôts et garder le contrôle sur votre futur financier.
Avant 30 ans: établir les fondations
Avant 30 ans, il n’est pas question d’épargner des fortunes ni de calculer sa rente au centime près. L’essentiel, c’est de comprendre le système et de poser la première pierre. Ouvrir un pilier 3a le plus tôt possible est un geste simple mais décisif. Même de petits montants, investis régulièrement, profitent d’un horizon de placement long et de l’effet cumulatif des rendements. Pour un jeune investisseur, une solution entièrement en fonds peut être envisagée, selon bien sûr le profil de risque.
Le pilier 3b reste une option pour des placements plus libres, sans cadre fiscal strict. Si vous n’avez pas encore de famille ni de responsabilités majeures, un 3a bancaire suffit largement. En revanche, un 3a assuré offre une protection supplémentaire: en cas d’accident ou de maladie entraînant une incapacité de gain, l’assurance peut verser une rente ou activer une libération des primes, c’est-à-dire continuer à épargner pour vous, les années de jeunesse étant celles où le capital doit se construire. Si un jour vous ne pouvez plus travailler, vous ne pourrez plus épargner, et vous dépendrez uniquement de l’AVS, de la LPP ou LAA, et donc de revenus très limités.
De 30 à 40 ans: mettre en place une stratégie
Entre 30 et 40 ans, la situation se stabilise: les revenus augmentent, la carrière prend forme, les grandes dépenses (logement, famille, dettes) deviennent prévisibles. C’est le moment idéal pour planifier sérieusement sa retraite. Le temps joue encore pour vous, et chaque franc investi maintenant va travailler pendant deux à trois décennies. Le pilier 3a doit devenir une habitude annuelle, pas une option de fin d’année.
À ce stade, on peut aller plus loin: comparer les rendements de sa caisse de pension (LPP), envisager des rachats LPP pour réduire les impôts, et diversifier le 3e pilier selon son profil. Un portefeuille plus dynamique, avec une part en fonds ou en actions, est justifié si l’horizon reste long. L’objectif n’est plus seulement de “mettre de côté”, mais de faire croître le capital.
Les années 30–40 sont celles où tout se joue: la discipline financière, la clarté sur ses priorités, et la conscience que le système suisse ne suffira pas à garantir votre niveau de vie. C’est le moment où l’on arrête de “penser à la retraite” et qu’on commence à la construire.
Après 45 ans: reprendre le contrôle
Passé 45 ans, la retraite n’est plus un concept lointain. Elle devient une échéance concrète. Les erreurs de jeunesse ne se rattrapent pas toujours, mais il est encore temps de reprendre le contrôle. Les revenus sont souvent à leur maximum, les enfants plus autonomes, et la visibilité financière meilleure. C’est le moment d’ajuster la stratégie et de combler les éventuelles lacunes.
La priorité: réduire les dettes et maximiser les apports dans le 3e pilier. Les rachats LPP deviennent un outil puissant pour diminuer la charge fiscale tout en augmentant la rente future. À cet âge, on cherche moins la performance que la solidité: privilégier un équilibre entre sécurité et rendement, selon son horizon de départ à la retraite.
C’est aussi le moment de faire le point: combien ai-je réellement accumulé ? Quelle rente puis-je attendre de l’AVS et de la LPP ? Si le résultat est en dessous du niveau de vie souhaité, mieux vaut le savoir maintenant que dans dix ans. La lucidité à 45 ans évite les regrets à 65.
60 ans: optimiser les dernières années
À partir de 60 ans, la planification financière devient une question de réglages fins. Les grandes décisions ont été prises, le capital est constitué, mais il reste à déterminer comment transformer ce patrimoine en revenu stable et fiscalement efficace. Ces dernières années avant la retraite exigent de la rigueur, pas de paris risqués.
Le moment est venu de réduire progressivement la part en actions et d’orienter les placements vers plus de stabilité. L’objectif n’est plus la croissance du capital, mais la préservation du pouvoir d’achat et la sécurité du revenu futur. En parallèle, il faut planifier le retrait du 2e pilier (LPP): rente, capital ou combinaison, et organiser la sortie du 3e pilier de manière échelonnée pour limiter la fiscalité. Selon le canton, un étalement sur plusieurs années peut réduire considérablement la charge d’impôt. La semi-retraite peut également offrir un compromis intéressant : maintenir une activité partielle tout en allégeant le rythme et en testant la nouvelle réalité financière.
C’est aussi le moment de passer en revue les points essentiels: couverture santé, fiscalité post-retraite, succession, et éventuelle hypothèque. L’objectif est clair: sécuriser le patrimoine, stabiliser les revenus et anticiper les besoins futurs. Une planification maîtrisée à ce stade garantit que chaque franc accumulé serve réellement votre confort et votre indépendance.
Conclusion
Planifier sa retraite n’est pas une question d’âge, mais de conscience. En Suisse, le système reste solide, mais il ne garantit plus le même confort qu’autrefois. AVS et LPP couvrent environ 60 % du revenu final, à condition d’avoir une carrière complète et sans interruption. Le reste dépend de vous: de votre discipline, de votre stratégie et du moment où vous décidez d’agir.
Avant 30 ans, il faut comprendre et démarrer. Entre 30 et 40 ans, bâtir. Après 45 ans, ajuster. Et dès 60 ans, sécuriser. Chaque étape a sa logique, mais toutes reposent sur une même idée : ne pas subir, mais choisir.
Plus vous commencez tôt, plus vous contrôlez votre futur. Et en matière de retraite, le contrôle vaut bien plus que l’espoir.
Nos conseillers en prévoyance vous accompagnent pour définir une stratégie adaptée à votre profil, à vos objectifs et à votre horizon de vie. Ensemble, nous transformons la planification de votre retraite en un projet clair, concret et serein.
Questions fréquentes
Le plus tôt possible. Idéalement, dès le premier emploi. Ouvrir un pilier 3a tôt permet de profiter de la capitalisation sur plusieurs décennies. Même de petits montants investis régulièrement font une vraie différence à long terme.
La retraite anticipée se prépare au moins 10 à 15 ans à l’avance. Partir avant l’âge légal implique une réduction des rentes AVS et LPP, ainsi qu’un manque à gagner important si l’épargne privée n’est pas suffisante. Plus la décision est prise tôt, plus vous avez de marge pour compenser ces pertes, notamment en augmentant les versements dans le pilier 3a ou par des rachats LPP ciblés.
En résumé: si vous envisagez de partir à 60 ans, commencez à planifier vers 45–50 ans au plus tard.
Les différences entre le 3a et le 3b sont les suivantes:
- Le pilier 3a est une épargne liée à la retraite, avec des avantages fiscaux mais des restrictions de retrait (retraite, achat de logement, départ définitif de Suisse).
- Le pilier 3b, lui, est plus souple, sans déduction fiscale au niveau fédéral, mais avec une liberté totale sur les retraits et le type d’investissement.
En moyenne, l’AVS et la LPP couvrent environ 60 % du dernier revenu. Ce taux varie selon votre durée de carrière en Suisse, votre salaire et la performance de votre caisse de pension. Pour maintenir votre niveau de vie, le 3e pilier ou d’autres placements privés sont indispensables.
Cela dépend de votre situation.
- La rente offre une sécurité à vie, mais sans flexibilité et pas de transmission patrimoniale.
- Le capital donne plus de liberté, mais nécessite une bonne gestion.
Souvent, une combinaison des deux est la solution la plus équilibrée.
Plusieurs leviers existent :
- Ouvrir plusieurs pilier 3a afin d’effectuer des retraits échelonnés sur plusieurs années.
- Racheter des années LPP au plus tard 3 ans avant le départ pour réduire le revenu imposable.
- Planifier son lieu de résidence (certains cantons sont plus avantageux fiscalement à la retraite).
Historiquement, les placements en actions ont rapporté plus sur le long-terme que des investissements jugés « sûrs » tels que les obligations ou comptes épargnes. Si vous avez plus de 15 à 20 ans avant la retraite, une part en actions est souvent recommandée pour générer du rendement.
L’important est d’adapter la répartition à votre profil de risque et de réduire progressivement la part en actions à l’approche de la retraite.
Avec un 3a assuré, l’épargnant est protégé : en cas d’accident ou de maladie entraînant une incapacité de gain, l’assureur prend le relais — versement d’une rente ou libération des primes, c’est-à-dire que les cotisations continuent sans que vous deviez les payer. Un 3a bancaire, lui, ne couvre pas ce risque.
Oui, mais uniquement si vous continuez à travailler. Les cotisations AVS, LPP et 3e pilier peuvent se poursuivre dans certaines limites. Cela permet d’augmenter légèrement la rente future et de différer l’imposition du 3a.