Payer moins d’impôts en Suisse, c’est possible si l’on connaît les bonnes déductions. Le système fiscal suisse fonctionne sur deux niveaux: fédéral et cantonal. Cela signifie que certaines déductions sont valables partout, tandis que d’autres dépendent du canton de résidence.
1. Déductions liées à l’activité professionnelle
Frais de déplacement
Les trajets entre votre domicile et votre lieu de travail peuvent être déduits, qu’ils soient effectués en transports publics, à vélo ou en voiture. Les abonnements CFF, cartes de bus, ou frais de vélo sont généralement acceptés. L’usage de la voiture personnelle est aussi reconnu, mais à certaines conditions: absence d’alternative raisonnable en transports publics, contraintes d’horaires (travail en équipe), ou impératif professionnel imposé par l’employeur. Dans ce cas, une indemnité au kilomètre peut être appliquée (souvent 0.70 CHF/km).
À l’échelle fédérale, la déduction est plafonnée à 3’300 CHF (2025) par an. Certains cantons, comme Zurich, autorisent un plafond plus élevé (jusqu’à 5’200 CHF). Ces limites s’appliquent même si vos frais réels sont supérieurs.
Repas à l’extérieur
Si vous ne pouvez pas rentrer chez vous à midi pour des raisons professionnelles, vous pouvez déduire un montant forfaitaire pour les repas pris à l’extérieur. Le montant dépend du soutien (ou non) offert par l’employeur.
En règle générale, jusqu’à 3’300 CHF peuvent être déduits par an. Si l’entreprise propose un repas à prix réduit (cantine, restaurant subventionné), la déduction est réduite de moitié (1’600 CHF). Cette règle s’applique à l’impôt fédéral ; les cantons peuvent fixer d’autres montants.
Frais de formation continue
Les coûts liés à la formation continue sont déductibles s’ils sont en lien avec votre activité actuelle ou une reconversion professionnelle sérieuse.
Cela inclut les cours, formations certifiantes, séminaires, ainsi que les frais de matériel ou de déplacement associés. Il ne s’agit pas ici de formation initiale (comme un premier bachelor ou un apprentissage), mais bien d’un perfectionnement dans un domaine déjà exercé ou en vue d’un retour à l’emploi. La Confédération reconnaît jusqu’à 12’000 CHF par an de frais de formation déductibles.
2. Charges liées au logement
Intérêts hypothécaires
Les intérêts que vous payez sur votre prêt hypothécaire peuvent être déduits intégralement de votre revenu imposable, tant au niveau fédéral que cantonal. Cela constitue une des rares compensations à la fameuse imposition de la valeur locative. Attention toutefois: le capital amorti n’est pas déductible, seuls les intérêts le sont.
De plus, si vous possédez d’autres dettes privées (crédits à la consommation, prêts personnels), les intérêts payés sur ces dettes sont aussi déductibles, dans une certaine limite.
Travaux d’entretien
Les frais d’entretien courant d’un bien immobilier peuvent être déduits, à condition qu’ils ne constituent pas une amélioration (appréciation de la valeur). Sont concernés: peinture, remplacement d’installations défectueuses, réparations, entretien du jardin ou du toit, etc. Les rénovations qui visent à améliorer le confort ou la valeur du bien (comme une extension, une cuisine de luxe, ou une salle de bains flambant neuve) ne sont en principe pas déductibles.
Il est possible de choisir entre une déduction forfaitaire (en général un pourcentage de la valeur locative) et les frais réels justifiés par des factures. Le forfait est simple, mais moins avantageux si vous avez effectué de gros travaux d’entretien sur l’année concernée.
Travaux environnementaux
Les dépenses liées à la transition énergétique et à la protection de l’environnement bénéficient d’un traitement fiscal favorable. Cela concerne les investissements qui visent à réduire la consommation d’énergie ou à améliorer la durabilité du bâtiment.
Sont déductibles notamment :
- l’installation de panneaux solaires ou photovoltaïques,
- les pompes à chaleur,
- les travaux d’isolation thermique (murs, toiture, fenêtres),
- la modernisation du système de chauffage,
- les frais de couverture ou de ferblanterie liés à ces travaux.
3. Déductions personnelles et familiales
Enfants à charge
Vous pouvez déduire un montant forfaitaire pour chaque enfant à charge. Cela s’applique aussi bien aux enfants mineurs qu’aux enfants majeurs en formation (apprentissage, études, etc.). Les montants déductibles sont fixés par les autorités fiscales et varient entre le niveau fédéral et cantonal. En moyenne, cela peut aller de 6’500 à 9’000 CHF par enfant, selon le lieu de résidence.
À cela s’ajoutent les frais de garde. Si vous devez faire garder vos enfants pour pouvoir travailler, étudier ou suivre une formation, vous pouvez déclarer ces dépenses. Les places en crèche, les assistantes parentales et les garderies sont généralement acceptées, à condition que les frais soient prouvés. Le plafond de déduction est actuellement de 10’100 CHF par enfant au niveau fédéral, mais s’élève à 25’000 CHF dans le canton de Zurich par exemple.
De plus, si vous contribuez financièrement aux études de vos enfants, qu’ils soient au secondaire II (gymnase, école professionnelle) ou dans un cursus supérieur (université, HES, etc.), une partie de ces dépenses peut être déduite de votre revenu imposable. Finalement, les montants versés (pensions alimentaires) à un ou une ex-partenaire, ou pour des enfants dont vous n’avez pas la garde principale, sont en principe déductibles.
Personnes à charge ou en situation de handicap
Si vous soutenez financièrement un proche incapable de subvenir à ses besoins (ex: un parent âgé, un enfant majeur handicapé ou un membre de la famille sans ressources), vous pouvez obtenir une déduction. Il faut cependant prouver que cette aide est régulière et nécessaire.
Des déductions supplémentaires existent aussi en cas d’invalidité ou de handicap, que ce soit pour vous-même ou pour un membre de votre foyer
4. Assurances et prévoyance
3e pilier A (prévoyance liée)
Si vous cotisez à un 3ème pilier A (assurance-vie ou compte bancaire de prévoyance), vous pouvez déduire les montants versés chaque année. Pour les salariés affiliés à un 2e pilier (LPP), le plafond est fixé à 7’258 CHF pour l’année fiscale 2025. Pour les indépendants sans caisse de pension, la déduction peut aller jusqu’à 20 % du revenu net, avec un maximum de 36’288 CHF en 2025.
Ce type de déduction est particulièrement avantageux car il permet non seulement de réduire son revenu imposable, mais aussi de constituer une épargne pour la retraite.
Rachats dans le 2e pilier (prévoyance professionnelle)
Les rachats dans la caisse de pension (LPP) sont également déductibles. Si vous avez des lacunes de cotisation (suite à des années passées à l’étranger, à temps partiel ou en interruption de carrière), il est possible de les combler fiscalement. Ces rachats permettent à la fois d’augmenter vos futures prestations de retraite et de diminuer votre revenu imposable pour l’année du versement.
Attention: si vous retirez des avoirs du 2e pilier dans les trois années suivant un rachat, les déductions précédentes peuvent être annulées.
Primes d’assurance maladie et frais de santé
Les primes versées pour l’assurance maladie de base (LAMal) sont partiellement déductibles (jusqu’à 1’700 CHF pour une personne seule, dans l’impôt fédéral direct), de même que certaines primes d’assurance complémentaire, selon les cantons.
De plus, vous pouvez déduire les dépenses de santé non prises en charge par l’assurance, comme les soins dentaires ou les traitements spécifiques liés à un handicap.
5. Dons à des fondations/associations
Faire un don à une organisation reconnue d’utilité publique peut alléger votre facture fiscale. En Suisse, les dons versés à des associations caritatives, culturelles, environnementales ou sociales sont déductibles, à condition que l’organisation soit officiellement enregistrée auprès des autorités fiscales.
Pour bénéficier de cette déduction, une attestation de don est nécessaire. Sachez aussi que les dons ne peuvent généralement pas dépasser 20 % de votre revenu imposable pour l’impôt fédéral direct.
Par ailleurs, les dons effectués en faveur de partis politiques sont aussi déductibles, mais uniquement si ces partis sont inscrits officiellement, représentés dans un parlement cantonal, et qu’ils ont obtenu au moins 3 % des voix lors des dernières élections cantonales. À noter que les contributions versées à des candidats individuels ne donnent pas droit à une déduction fiscale.